22 septembre 2022

TCO et ROI : le grand dilemme

Retour en 2002. Cette année-là, Nelly sort sa chanson intitulée «Dilemma», feat. Kelly Rowland. Pour le public, le coup de foudre est immédiat et le succès au rendez-vous ! Le sujet traité est intemporel : le grand dilemme des amours à sens unique. Plus de vingt ans plus tard, le problème n’a guère évolué, même dans le monde des affaires : le choix d’un partenaire d’externalisation constitue en effet aussi un dilemme d’amour à sens unique, d’autant plus si le ROI (retour sur investissement) promis n’est pas au rendez-vous. Il n’est pas rare que la relation s’achève avant même d’avoir commencé. Pourquoi ? Parce qu’un mauvais TCO (coût global de possession) a mis prématurément fin à la relation. Mais reprenons les choses dans l’ordre.

TCO, késako ?

Au royaume de la comptabilité, TCO signifie tout bonnement «Total cost of ownership», soit la prise en compte de tous les coûts nécessaires à l’exploitation d’une prestation. Dans le cas de l’externalisation, il s’agit des frais tels que les droits de licence, les frais d’entretien, de mise à jour, d’électricité, d’assurance, etc., afin d’obtenir un calcul correct du ROI. Tous ces frais doivent être ajoutés au prorata au salaire de la collaboratrice ou du collaborateur. C’est ainsi que sont calculés les frais de personnel effectifs, à utiliser comme valeur comparative. Le salaire ne constitue donc qu’une partie des dépenses, mais ce n’est certainement pas le poste le plus important, et encore moins le seul. Le premier, à la rigueur. 

ROI ? Mais encore... ? 

Si ce ROI-là n’a pas grand-chose à voir avec la royauté, il désigne toutefois bel et bien la discipline reine en matière de prise de décision, à savoir le retour sur investissement («return on investment»). En d’autres termes, un indicateur économique permettant de mesurer le rendement d’une activité entrepreneuriale. En clair, le ROI indique si une activité est rentable ; et si ce n’est pas le cas, mieux vaut passer son chemin. Il est intéressant de constater que le ROI peut intervenir dans les décisions les plus diverses. Par exemple, l’auteur de ces lignes a eu recours au ROI pour choisir une voiture électrique plutôt qu’un véhicule traditionnel à carburant. En comparaison, au vu de l’augmentation des prix du carburant, la voiture électrique a une bonne longueur d’avance. Il serait toutefois trop naïf de ne prendre en considération que le tarif de l’essence pour prendre une décision. Ici aussi, il faut tenir compte des autres coûts liés au TCO. Dans ce cas, même l’achat d’un véhicule neuf peut se révéler moins cher que les frais mensuels induits par un véhicule d’occasion. 

Si le TCO ne se traduit pas par un ROI positif, on se retrouve devant le fameux dilemme

Quoi ? Votre solution d’externalisation va me coûter 80 000 francs par année, alors que je ne débourse que 70 000 francs pour un collaborateur ? C’est 10 000 francs de plus! Soit, mais les 70 000 francs ont certainement été calculés sans tenir compte de tous les frais liés au TCO. Il n’y a pas que le salaire du collaborateur ; il faut y ajouter les coûts de son poste de travail, de la licence et de la maintenance des outils qu’il utilise, mais aussi les frais liés à l’assistance ou à ses éventuelles absences en cas de maladie. Sans oublier les autres frais engendrés par des absences imprévues ou d’autres risques commerciaux. 

Si l’on ne tient compte que des frais de personnel en voulant opter pour une solution d’externalisation, c’est que l’on n’a pas vraiment saisi le principe même de l’externalisation. Et les coûts d’opportunité non plus. Vous êtes certainement en train de froncer les sourcils en vous demandant ce que ces coûts-là viennent faire dans la décision d’externaliser. 

Un exemple ? 

Que va-t-il se passer si je n’ose pas franchir le pas de l’externalisation ? Peut-être que des candidats aux talents extraordinaires vont me passer sous le nez parce que je n’ai pas le budget nécessaire pour participer à la grande chasse aux talents. Le cas échéant, je vais devoir faire appel à un chasseur de têtes onéreux ou publier des annonces hors de prix. Des exemples comme celui-ci, il y en a beaucoup. Il faut donc prendre le temps de réfléchir à tous les processus, sans pour autant perdre de vue l’ensemble du tableau. N’oublions pas qu’en fin de compte, tout changement mis en œuvre aura un impact sur le résultat de l’entreprise. 

Attention, je ne veux pas dire que l’externalisation est la panacée pour faire face au repli des actions ou à une pénurie de talents, loin de là ! Toutefois, en externalisant certains processus redondants et dénués de valeur ajoutée (comme la gestion des salaires, des absences ou des sinistres), on pourra davantage concentrer ses forces au bon endroit. Cette démarche permettra de décharger les RH pour leur donner la possibilité de quitter le banc de touche et de jouer un rôle actif dans le recrutement des talents. 

J’espère que ces quelques lignes vous auront fait un peu sourire, tout en vous donnant quelques pistes ou même de nouvelles perspectives en matière de comparaison des coûts.  
 

René Pucnik
Key Account Manager